Caldeum

D'après le manuscrit d'Abd al Hazir

Caldeum fut autrefois la plus fière des villes du Kehjistan, la capitale commerciale du monde. Elle ne fut jamais perçue comme le cœur de l’empire, même si, par la taille, elle rivalisait avec Viz-jun et plus tard avec Kurast, mais ses habitants préféraient qu’il en soit ainsi. Même lorsque les Guerres claniques des mages éclatèrent, on ne laissa jamais les batailles affecter le commerce de Caldeum. Car, même si la politique et la magie ont une certaine importance, toucher au commerce est quelque chose de grave. Laissons Kurast se prendre pour le centre du monde, disaient-ils. Nous nous contenterons de notre libre-échange de marchandises, de monnaies et d’idées, merci beaucoup.

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Mais la fierté que j’éprouvais pour cette grande cité s’est ternie et émoussée. Lorsque j’y repense, maintenant, je dirais que la pourriture a commencé à infecter notre ville lorsque de nombreux nobles de Kurast ont fui leurs demeures pour s’établir à Caldeum. J’ai bien sûr entendu toutes les rumeurs horribles et incroyables sur les raisons de leur fuite, mais ces raisons ne nous inquiétaient pas. C’était leur attitude qui nous préoccupait. Au fur et à mesure que leur soulagement d’être à l’abri de ce qui les avait conduits ici, quoi que ce fût, s’estompait, leur disposition se mua en prétention, jusqu’à devenir de l’arrogance. Ils n’eurent aucune hésitation à exiger qu’on leur donne la place qui leur revenait « de droit » au conseil du cartel commercial qui gouvernait notre ville, et ils étaient prêts à puiser dans leurs richesses pour engager le nombre de mercenaires nécessaires à la réalisation de leurs ambitions.

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La situation se détériorait rapidement et, lorsque l’empereur du Kehjistan intervint pour y mettre un terme, je fus d’abord sceptique. Mais le charme, l’intelligence et le talent de meneur d’hommes exceptionnels dont il fit preuve pour résoudre rapidement le conflit entre notre conseil et les nobles de Kurast touchèrent au génie. Lorsque le peuple se rangea tout entier derrière lui et son rôle d’empereur, je n’y vis rien de moins qu’un miracle. Nous avions toujours fait partie de l’empire du Kehjistan, et étions donc sous son autorité, mais nous nous étions toujours comportés comme si nous étions une ville indépendante, ne répondant qu’à elle-même. Il semblait réellement que la catastrophe avait été évitée. En réalité, elle ne faisait que se dissimuler sous un mince vernis de courtoisie.

Ce vernis commença à s’écailler lorsque l’empereur Hakan tomba malade. Son influence commença à s’affaiblir, et l’humeur de Caldeum suivit la même évolution que sa santé. Au fur et à mesure que son état empirait, celui de notre belle ville aussi.


Depuis sa mort, un enfant inefficace a hérité du trône, et Caldeum a commencé à vaciller au bord du gouffre. La liste de nos malheurs semble sans fin : l’état de nos déshérités et des taudis où ils sont forcés de vivre, l’incompétence de nos dirigeants, la réémergence des fidèles de Zakarum et de leur sectarisme, leurs querelles avec notre caste des mages... je pourrais continuer pendant des pages.

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